Peu après l'annonce, mes sentiments...

Voici le premier texte que j'ai écrit, après le diagnostic de Mélina, en date de juillet 2008.


Un Autre Deuil...


Mais... je me rends compte, après 3 semaines, que ça ne vient pas.
Ça ne fait pas moins mal. Ça ne fait pas moins peur.
Ça remet tout en question, ça remet tout en perspective. Et ça fait encore mal. 
Et ça fait encore peur.

Je voudrais tant la garder toute petite.. toujours!
La garder au creux de mon coeur.. la garder dans mes bras. Me blottir dans son petit cou et lui dire que je serai TOUJOURS là. Et qu'on sera toujours ensemble. Que je la protègerai, que je l'aimerai et que je m'assurerai que sa vie sera belle. Malheureusement, comme toute maman, je ne peux pas le garantir. L'aimer toujours, ça oui. Le reste, non.
Comme toute maman, je voudrais donc que mes trésors souffrent le moins possible. Je voudrais leur éviter un parcours difficile, j'aurais voulu pouvoir m'assurer que chacun pourrait regarder derrière, à 30 ans, et dire "wow, je suis chanceux, j'ai eu la plus belle vie!".

Comme toute maman, je n'ai pas ce contrôle.. et je ne peux que donner le meilleur de moi à mes enfants, leur transmettre des valeurs, les aimer, leur 
donner confiance en eux, les guider. Les soutenir, les aimer coûte que coûte. Les épauler dans les difficultés, les féliciter de leurs réussites. Et espérer qu'ils seront heureux, peu importe le chemin qu'ils prendront pour toucher le ciel.

Mais.. un beau matin, je me suis levée. J'avais rendez-vous avec le destin. Et ce qu'il peut être cruel, ce destin, quand il nous laisse sans réponse. Juste le coeur brisé, des grandes peurs, un gros chagrin et un sentiment d'injustice. Et qu'une petite voix, derrière la grosse voix tonitruante du destin, qu'on entend et qui nous chuchote "fais du mieux que tu peux, la vie se chargera du reste.. tu verras rendue là!"...

J'en suis incapable. Et pourtant, il le faut. 
C'est irréversible. Et c'est parfois pris à la légère autour de moi lorsque j'en parle.
J'espère de tout coeur que ceux qui me disent "tu vas voir, tout va bien aller" ont raison, mais je crois surtout qu'ils ne mesurent pas la portée de la chose.
J'ai confiance en la vie? Je ne sais plus.. elle n'est pas de mon bord, depuis 2-3 ans... 
J'ai confiance en ma fille. Et j'ai confiance en nous, comme famille.

Malgré tout, je dois y faire face. Tout d'abord pour ma pitoune. Parce qu'elle a besoin de moi.. et parce qu'elle ne comprend pas ce qui l'attend. Et pour moi. Pour ne pas sombrer. Pour donner de moi-même toute l'énergie et l'espoir que je trouverai.

Ma puce est née comme ça. Elle grandira comme ça. Elle sera une adulte comme ça.
Elle était, est, et sera différente. Toujours.
Un jour, peut-être que ce sera moins évident. Peut-être pourra-t-elle vivre sans regard insistant. Mener une vie normale? Selon certaines apparences, peut-être. Mais elle devra certainement chercher fort dans son trousseau de clés pour ouvrir la bonne porte qui la rendra heureuse. Certaines se fermeront, même si elle désire très fort les ouvrir, juste pour voir. 
Je l'aiderai à trouver son chemin. Elle a maintenant un numéro qui lui permettra d'être aidée par d'autres que moi, aussi.

Je considère ma fille comme le plus beau cadeau que la vie m'ait donné.
La société considère ma fille comme handicapée.

Ma doudoune est dyspraxique.
Moi, je suis brisée.
Ma belle puce est atteinte de dyspraxie, atteinte globale, sévère.
Mon coeur de maman est rempli de fierté, aujourd'hui. Ma puce a réussi à pédaler son tricycle. À 4 ans, 8 mois et 22 jours, elle a pédalé. Ses yeux se sont remplis de fierté, les miens de larmes. À 4 ans, 8 mois et 23 jours, elle ne saura peut-être plus pédaler. Mais elle recommencera bien. Et chaque fois, j'aurai envie de pleurer. Chaque petit combat occupera toute ma vie.. et forgera la sienne.

Je t'aime, ma toute belle! Tu es le trésor le plus précieux de ma vie, et j'irai te la chercher la lune, en te tenant par la main.
Ta maman qui pleure de fierté et de douleur.....

Octobre 2008

Toujours de l'autre blog:


Toc, Toc..

Devant ton école, il y a une grande porte. Une cour et une grande porte brune. Comme toutes les écoles. Hier soir, maman est allée rencontrer la professeur de pré-maternelle où tu irais, si... Maman a rencontré d'autres parents, certains confiants d'autres un peu anxieux de laisser leur enfant dans le grand monde. Le monde de l'école. Mais tous étaient emballés. Tous, sauf moi. 
Ces ateliers sont super... ils sont parfaitement adaptés aux enfants. Aux autres enfants. Pas toi. Pas toi ma toute belle, et ça ressort vite du lot. Tu n'y as pas encore mis les pieds que déjà, la grande porte brune s'est refermée.  

Devant le centre, il y a une porte. Je ne sais pas de quelle couleur, mais elle est assurément plus petite. C'est ce que j'appelle "notre porte d'à côté". Tu cogneras et on viendra t'ouvrir. On t'y accueillera à bras ouverts. Ce n'est pas que tu n'étais pas la bienvenue dans la grande porte. Mais on ne savait pas comment t'aider, là-bas. Dans la petite porte, les gens qui y seront savent ce que c'est, des "enfants comme toi". Je sais que tu y seras mieux. Je sais. Et j'ai confiance. 

Mais ça me fait mal. Ça me fait pleurer. Parce que j'embarque sur la croisière. Plutôt, j'embarque dans l'avion. On s'en va en Hollande, tu te souviens?? Mettre les pieds dans l'avion, c'est ne plus pouvoir reculer. On doit foncer. Et ça me fait mal. J'aurais mille fois préféré t'amener à Walt Disney. Tout est magique et beau et coloré là-bas. Suis désolée mon amour, je n'ai pas choisi le voyage. Par contre, j'ai choisi de le faire avec toi. Et de te le rendre beau. Agréable. Excitant. Spécial. Et Différent. Je vais te le rendre coloré. Et magique aussi. Ça prendra juste plus d'efforts. Et parfois, beaucoup d'imagination.  

Je t'aime, mon amour. Je suis là, je te tiens la main. Le pilote nous fera signe quand il sera prêt. Et on partira. Et j'arrêterai de pleurer. Là, je pleure. Et toi, avec ta petite main douce, tu viens essuyer mes larmes en me disant "je t'aime mon amour". Pas autant que moi, mon amour. Je t'aime pour tout ce qui te sera impossible à surmonter, pour tous les défis que tu réussiras fièrement, pour tous les obstacles qui te donneront envie de tout abandonner. 

Je t'aime pour tes efforts et pour tes découragements, mais surtout parce que tu es vraie. Tu es intense, et intensément géniale aussi. Je t'aime pour ton courage. Je t'aime pour ce que tu me feras vivre. 

Et un jour, je te dirai merci. Merci d'avoir rendu ma vie spéciale. Et différente. Je pleure ma toute belle. Je n'aime pas voir les portes se fermer. Je n'aime pas ce que la vie nous oblige à vivre. Mais ça ira hein? Parce que tu es là. Et parce que tu es souriante devant ce jour pluvieux. Tu me donnes la force. Je te donnerai des ailes.

En date de février 2009...

Encore pris sur mon autre blog.


Une Poussière D'étoile.

Il y a environ 6 ans, de ça, autour de cette date... 

Un amour tout neuf... encore à se découvrir, à apprendre à se connaître.
Quelques semaines, quatre ou cinq, tout au plus, nous liait l'un à l'autre. 
On ne regardait pas encore en avant.. on en av
ait plein les pupilles de se regarder dans les yeux autant que possible.

Sans avertissement, par surprise, un jour de février... une petite poussière d'étoile m'a choisie. Une toute petite étincelle qui venait de sceller notre destin. On n'était encore qu'un couple qui ne se posait pas trop de questions. Qui s'imaginait ce que serait demain, mais qui n'
osait pas penser à la semaine d'après encore.

Je me demande encore aujourd'hui pourquoi tu m'as choisie. Pourquoi tu nous as choisi?
Une explosion d'amour au fond du coeur... puis ma vie a changé.
Subtilement. 
L'amour grandissait, mon étoile aussi. Même si j'avais encore les yeux engourdis de trop souvent me perdre dans le bleu du regard de l'homme qui m'aimait, mon regard fixait quelque part, dans le vide. Mon coeur battait la chamade chaque fois que je le voyais ou que je pensais à lui... mais il semblait battre si fort, même quand il n'y était pas. C'était étrange, c'était com
me s'il y était toujours un peu, même lorsqu'il était très loin. Je me disais qu'il prenait de 
plus en plus de place dans mon coeur..... la vérité était qu'il m'avait confié au creux du ventre une petite partie de son âme.

J'ai attendu. Le regard perdu quelque part dans le ciel. Le coeur gonflé.
Ce n'était plus si subtil. Mais .. j'ai attendu.

Ce matin de la mi-mars 2003 où je me suis réveillée très tôt, j'ai déballé le petit bâto
n, les doigts hésitants. Mon chum dormait à poings fermés. Sa vie était douce, à ce moment, dans les bras de Morphée. La tienne, petite étoile, commençait à peine, tout près de mes bras à moi.

J'ai eu l'impression de toucher le ciel, quand j'ai vu. Mon regard s'est fixé sur les 2 petites lignes, et soudain, une étoile s'est mise à briller, quelque part au firmament. C
'était sûrement la plus belle et la plus brillante, mais je ne l'ai pas vue. J'avais les yeux noyés dans mon destin.

J'ai réveillé l'homme qui 2 mois plus tôt, m'était encore inconnu. Et je l'ai balancé les deux pieds dans le futur.
Moi qui rêvais de ce moment depuis des années, voilà qu'il me serrait les tripes. 

On a pleuré. On a souri.
On est chacun redevenu un tout petit enfant qui a besoin de sa maman. Ma maman était là. Et j'y étais, moi aussi. 

Mon regard ne fixait plus le vide. Il brillait encore d'amour pour l'homme merveilleux qui venait de me dire que tout irait bien et qu'il était heureux. Mais mon regard s'était maintenant retourné vers l'intérieur. Déjà, il savait que petite poussière invisible à son oeil changerait sa vie et son regard sur celle-ci.

Petite poussière d'étoile a grandi. 
J'ai su, dès la première fois où j'ai posé mes yeux sur ma petite étoile, qu'elle était bien spéciale. Un jour, ma chouette, je t'expliquerai d'où viennent les bébés. Et je te dirai que tu étais un bébé d'amour et de passion. 
Mais je persiste à croire que tu es tomb
ée du ciel. J'aime croire que ce n'est pas un hasard, tout ça. Tu t'es blottie au creux de mon ventre pour devenir ce que tu es aujourd'hui.
Différente, certes. Mais... n'est-ce pas comme ça qu'on reconnaît l'étoile la plus brillante du ciel?? On dit souvent que la plus brillante est l'étoile du berger.. mais.. ce n'est pas une étoile, c'est la planète Vénus. Elle brille si fort et est si souvent admirée.. et pourtant, elle est différente de toutes les autres étoiles du ciel... j'aurais dû savoir que c'était toi..... tu as brillé si fort que tu ne pouvais pas être comme les autres...

J'ai toute une chance, de vivre ce que je vis, grâce à toi. 
Tu as fait de moi quelqu'un d'autre. Ta chute du ciel a bousculé tous nos repères. Mais, pendant tout ce temps où je t'ai bercé au creux de mon ventre et maintenant, lorsque je te serre dans mes bras, j'ai l'impression d'avoir hérité d'un petit bout de ciel.

Quand je fouille bien comme il faut, il reste, tout près de mon coeur, un peu de poussière d'étoile. Tu y as laissé ta trace. Et si je fixe le ciel juste assez longtemps, un soir d'hiver, je vois l'étoile qui brille plus que les autres. Elle n'arrive pas à la cheville de celle que je vois dans tes yeux, mais elle me rappellera toujours qu'un jour, ma vie a changé. 

En faveur de...

Pris sur mon blog général, je le transfère ici parce qu'il concerne directement Mélina.


Voici une liste d'arguments face à la scolarisation à la maison. Voici mon opinion et mes idées sur quelques-uns de ces points, face à ma fille et à ses difficultés et ses forces à elle.

Renforcir les liens familiaux
Il est clair que pour une question d'horaires de mon conjoint, c'est la façon idéale (et presque unique) de s'assurer que notre fille aura des moments en famille. Il travaille de soir et de weekend, la plupart du temps.

Apprendre à connaître nos enfants

Apprendre tout en partageant avec nos enfants

Je trouve fascinant de voir mes enfants évoluer dans leurs apprentissages. Je me souviens tout le plaisir que j'avais, petite, à découvrir toutes ces choses. Les lettres, les manipulations d'objets pour apprendre à compter, les histoires, les jeux. J'adorais l'école pour tout ce que je pouvais y découvrir. Je vois pleins de possibilités facilement réalisables à la maison et très stimulantes pour un enfant, à tous les jours.

Eduquer selon les besoins individuels de nos enfants

Capacité de s’adapter au style d’apprentissage des enfants

Voilà qu'en ayant une petite fille avec une déficience motrice, je sais qu'elle pourra apprendre dans un milieu adapté à SES besoins et à SA vitesse.

Capacité de poursuivre les intérêts des enfants

Je suis 100% d'accord avec l'idée de mettre en contact les enfants avec une variété de sujets. La connaissance générale est très importante. Mais comme chaque enfant a ses propres intérêts, et que ceux-ci varient avec le temps, pourquoi ne pas apprendre à résoudre des problèmes avec des dinosaures, des chevaliers ou les planètes plutôt qu'avec des bâtons de bois. Si ça aide à bien comprendre, si on s'amuse en même temps, et si on en profite pour en apprendre un peu plus sur un sujet qui nous fascine, c'est génial!

Respect du rythme naturel de l’enfant

Ça rejoint ce que je disais avec la vitesse d'apprentissage de ma puce.

On passe plus de temps sur ce qui est difficile, plutôt que de juste accumuler du retard dans certaines sphères.

Appréciation de la flexibilité d’horaire

Et si ça me permettait d'amener ma fille faire l'épicerie le lundi, pas dans le brouhaha du weekend. Et qu'ensemble, on apprenait les quantités, les notions d'argent, lire une liste, organiser ses emplettes.

Respect de la personnalité de l’enfant

Et il y a aussi des journées où on a le droit de ne pas en avoir envie, non?

Offrir plus de temps libres aux enfants

C'est un bel apprentissage, ça, non? Avoir du temps libre et savoir s'occuper seul?


Permet aux parents d’être une influence pour leurs enfants

Inculquer les valeurs qui nous sont importantes. Les mettre en contact avec d'autres valeurs, mais s'assurer que notre amour et notre fierté seront toujours les plus belles motivations.


Utilisation d’une méthode d’apprentissage variée

Encore une fois, mon exemple de l'épicerie. Aller à la ferme, rencontrer des gens et voir de nos yeux toute la théorie. Visiter des régions du Québec. Apprendre les fractions en cuisinant un dessert. 


Profiter de la nature, de la température et de son environnement

Une récréation de 15 minutes dans une cour en asphalte, ce n'est pas que ça la vie!!

Les sciences naturelles dans le bois derrière chez moi seraient tellement plus fascinantes!


Participation active de l’enfant à une vie familiale normale

Apprendre à vivre, c'est aussi apprendre à gérer une maison, à faire les commissions, à s'occuper parfois seul, à cuisiner, etc.


Préférence sur l’enseignement individuel (un à un)

Ça s'est avéré très efficace pour Mélina depuis le début de ses suivis de spécialistes.


L’enfant développe de l’autonomie face à sa propre éducation

Et une confiance en ses moyens.


Journées trop longues à l’extérieur du foyer

Ça n'a jamais été un facteur, mais à voir les longues journées avec le transport scolaire, le retour à la maison et les devoirs.....


Enfants avec des besoins supplémentaires laissés à eux-même

Le rythme d'une classe suit la moyenne. Pas l'enfant plus lent...


Peu d’heures consacrées à l’éducation physique

Tellement d'occasions pour bouger, suivre des cours de sport, aller dehors, au parc!


Un enfant peut passer de longues périodes sans avoir eu une attention individuelle de la part d’un adulte 

Dans le cas d'une enfant dyspraxique comme ma fille, ça signifie automatiquement désorganisation.


Perte d’estime de soi de l’enfant

C'est NOTRE élément-clé. On ne laissera pas l'école miner la motivation, le travail acharné et la détermination de Mélina. Si on s'en va vers ça, l'école "normale" n'est pas pour elle. 


L’idée au départ venait du conjoint

Croyez-le ou non. Ici, c'est ça. C'est papa qui en a eu l'idée. Et même si c'est maman qui le ferait, papa l'appuie à 200%. 


L’enfant a un handicap

Voilà. Et ça semble complexe, l'administration et la gestion de tout ça, je dois vous dire.

 

Inconvénients

Parents stressés quant à savoir si leurs enfants prennent du retard ou non

Je suis pas mal convaincue que ma fille en prendra. Par contre, si elle n'est pas sans cesse comparée aux autres, elle ne le vivra pas comme un échec et progressera à son rythme.

Difficulté à trouver des ressources adéquates pour les enfants avec des besoins supplémentaires, car l’accès à ces ressources est limité car les enfants ne sont pas en milieu scolaire

Faut en être conscient. Et voir si ça vaut le risque.


Exige beaucoup de temps et de patience de la part des parents

Du temps, on en a. De la patience, on y travaille.


L’organisation supplémentaire pour les parents

Notre vie est déjà organisée au quart de tour. On prend l'habitude. Et c'est si motivant!


Les frais reliés aux déplacements, aux achats de livres et de matériel éducatif, aux cours spécialisés, aux ressources extérieures, aux consultations privées, aux activités hors scolaire et au gardiennage occasionnel

À regarder les frais du service de garde, cet argent pourra servir facilement à combler une bonne partie des dépenses.


Les parents qui doivent toujours débattre leur choix face à leur entourage

Notre famille sait notre projet. Et ils sont très d'accord. Les amis proches aussi. Ça nous a enlevé tout le poids du monde, ça. Les autres... on apprend à s'en foutre un peu, non? Un jour, on leur prouvera.

Pression sociale face à un choix qui sort de la norme

Le mot "norme" est sorti d'ici il y a si longtemps. On ne fera pas comme tout le monde juste parce que tout le monde le fait!


Intégration périlleuse

Le jour où sérieusement, nous avons pensé à l'école à la maison, c'est après qu'on ait su comment on intégrait les enfants avec handicap dans les écoles, de nos jours.


Du temps où j'étais éducatrice spécialisée, j'étais engagée pour 20 heures par semaine, divisant mon temps entre 2 enfants en trouble d'apprentissage et/ou de comportement. Ce qui leur donnait grosso modo 10h chacun par semaine, sur 4 jours.
La journée où je n'y étais pas et les heures où j'étais absente ou occupée avec un des deux enfants, l'autre ne fonctionnait pas très bien. Il était bien difficile de décider où j'étais la plus essentielle à quel moment. Et ça, c'est sans compter les autres élèves de première année à qui on me demandait de donner un coup de main. À la fin de l'année, un des deux élèves a redoublé sa première année (oui, c'était avant la réforme), et l'autre a été envoyé en classe de comportement.
C'était Montréal, c'était difficile...

Aujourd'hui, je suis confrontée à être la maman de l'élève intégré.
La dyspraxie est une déficience motrice, donc dans le DSM IV, c'est la cote 33 ou 34, selon.
Une cote de ce genre donne entre 3 et 5h d'accompagnement par semaine. Encore faut-il s'assurer de faire respecter la cote, qu'elle n'entre pas à l'école avec une cote floue qui sera semi-réévaluée.
Entre 3 et 5h d'accompagnement par semaine. Notre ergo nous dit qu'elle visera le 5h. L'orthopédagogue de la pré-maternelle "spéciale" où va Mélina chaque semaine nous dit que Mélina n'aura pas besoin d'accompagnement du tout.
Nous, on sait qu'une option ou l'autre, ce n'est pas l'idéal.
Non, je ne veux pas que ma fille ait quelqu'un qui lui tient la main à chaque pas de sa journée scolaire.

Mais pour une élève dyspraxique sévère, même s'habiller à son casier sera pour elle un grand défi. Plus de 2-3 consignes à la fois et elle se désorganisera. Il suffira que les enfants soient tous dans des ateliers différents pour qu'elle perde la carte et oublie ce qu'elle doit faire.
La dyspraxie vient avec beaucoup d'impulsivité dans le cas de ma doudoune. Elle veut plaire, mais son corps, une fois parti, ne sait pas toujours où s'arrêter. Lui demander de colorier tous les cercles en jaune sur une page, si elle n'est pas encadrée de proche, finira par un dessin recto verso et des couleurs multiples. Sans compter les fois où son crayon tombera, qu'elle oubliera ce qu'elle devait faire, sa feuille un peu déchirée ou froissée parce que ça demande de la manipulation avec les 2 mains.

3 à 5 heures, ça signifie environ 1h par jour... (et encore faut-il trouver quelqu'un qui se déplacera tous les jours juste pour 1h dans le fond de notre petite campagne).
Une heure d'adaptation du matériel, où on essaiera de diviser en petites étapes les tâches que Mélina aura à accomplir.
3 à 5 heures, ça laisse beaucoup de temps où elle sera laissée à elle-même.. un peu dysfonctionnelle, un peu perdue. Du temps où la prof ne pourra pas la tenir par la main et la guider. Du temps où elle verra les autres à travers ses yeux... Du temps précieux, où j'ai l'impression qu'on va perdre sa progression...

Cheminement différent...

Lorsqu'on nous a annoncé que Mélina était dyspraxique, on a été sous le choc. Longtemps.

Oui, ça faisait du sens. Oui, ça expliquait bien des choses. Oui, enfin, on avait des réponses.
Mais tout ça était aussi très inconnu.

Depuis, nos réflexions changent, face à la dyspraxie de Mélina.
Au départ, tout était simili expliqué par son handicap. Puis, on est revenus à penser que malgré son trouble, elle était AUSSI une petite fille de 5 ans avec sa propre personnalité.
Oui, les crises pouvaient être expliquées par sa dyspraxie, mais elles n'étaient tout de même pas acceptables, pour ne nommer que cela.

On jongle, entre les méthodes normales de discipline et d'éducation et les méthodes adaptées à son trouble et ses différentes caractéristiques. On jongle également entre l'état de fatigue et celui d'entière collaboration de Mélina, entre sa spontanéité mais aussi, ses grands excès. Entre sa bonne humeur et son irritabilité, qui cohabitent 24h sur 24, chacun prêt à laisser sa place à l'autre sans pré-avertissement!!

Dans tout notre cheminement, on réussit parfois. On échoue aussi parfois. On essaie, on recommence, on essaie différemment, on revient avec des vieilles méthodes, on en essaie des nouvelles, on stagne avec une qui, on le croit, finira par faire son chemin...
Une idée nous est passée par la tête, il y a quelques mois. Suite à une discussion avec l'ergothérapeute face à l'avenir scolaire de Mélina.

Cette idée, c'est l'école à la maison.
Comble de bonheur, la belle-famille a été mise au courant et supporte notre projet. L'idée vient de Chéri et serait assumée par Moi-même, et parfois aussi par Chéri.

Notre motivation se résume presqu'uniquement en une seule chose. Préserver la motivation et l'estime de soi de notre doudoune. Elle est travaillante. Très. En un à un, elle travaille fort, ne baisse que rarement les bras, se félicite de ses progrès, est fière de les partager avec nous. Avant longtemps, elle sera confrontée froidement à l'échec et à la comparaison, ainsi que fort probablement, aux remarques des autres enfants. Au départ, anodines, mais qui finiront rapidement par se transformer en moqueries, en remarques désobligeantes, possiblement même en rejet.
Plusieurs enfants sont rejetés sans caractéristique particulière ou sans handicap. Mais on est conscients que Mélina y est plus fragile. Et que sans sa motivation presqu'inébranlable, elle cessera de travailler si fort. Et si elle baisse les bras, le retard s'accumulera très rapidement.

Le but de l'école, c'est de préparer les enfants à la vie d'adulte, entre autres. Encore faut-il y être capable d'apprendre la base. 
Pour l'instant, nous avons décidé de tenter la maternelle. L'école nous dit "non, pas d'accompagnement". L'ergothérapeute nous dit "oh oui, il lui en faut". Quand on finit par parler de "si", on nous dit "entre 3 et 5 heures par semaines".
Personne n'a jamais pensé que même les routines entre les périodes pour Mélina seraient difficiles. Que même la récréation serait un obstacle. Que dîner au service de garde, prendre l'autobus, organiser son pupitre et gérer ses devoirs seraient gigantesques!

On attend impatiemment la rencontre pour le plan d'intervention. Mais notre porte de sortie est entrouverte. Et on y plongera à pieds joints à la moindre hésitation.

Juste aviser...

Je lis (et j'apprécie!!!!) tous vos commentaires.. mais comme tout bon nouveau blog, il a un petit défaut, je n'Arrive pas à répondre moi-même aux commentaires!

Ça va venir, mais en attendant, sachez que je vous lis!!! Et que c'est précieux!
Miss Invisible, tu m'intrigues.. on se connaît d'un forum?

À propos...

Le quotidien d'une superbe fillette différente. Dyspraxie, syndrôme frontal, trouble déficitaire de l'attention avec impulsivité et trouble anxieux.
Pour vous prouver que la perfection n'est pas là où on la croit!

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