La pilule du bonheur n'existe pas.

Et si on pouvait te traiter...

Si on pouvait te guérir...

Cette semaine, une "nouvelle" est sortie. Une étude, réalisée sur des enfants autistes, a révélé qu'un traitement de l'autisme efficace pourrait être mis en marché d'ici quelques années.

Lien pour l'article : Un essai clinique

Et soudainement, je m'interroge...

Et si on me disait qu'un médicament pouvait diminuer tes symptômes.
Si on me disait qu'une petite pilule pouvait modifier tes comportements, ta façon de réagir, ta pensée.

Et je m'interroge.

D'une première réflexion, je me dis.. N-O-N.
Modifier ton autisme, c'est te changer, toi.
C'est faire de toi quelqu'un d'autre. C'est TE modifier.

Tu es toute une petite personne. Tu as des particularités bien à toi. Je pourrais te décrire pendant des heures tellement tu me fascines. Je pourrais parler de toi pendant de longues minutes sans arriver à faire un portrait juste de la fillette complexe que tu es.
Tu es complexe. Mais on me dit que c'est moi qui complique ce que tu es. Dans ta tête, tout est si simple. Si concret. Si "premier degré".
C'est moi qui te regarde avec mes yeux "non-autistes" qui te trouve compliquée. Qui te trouve difficile à cerner, difficile à comprendre, difficile à décoder.

Malgré tout, c'est TOI que j'ai mis au monde. Je n'ai coché aucune option, aucun bonus. Tu m'es arrivée comme ça. Au fond de tes grands yeux verts où je voyais la mer, se cachaient de grands secrets.

J'ai l'impression qu'accepter ce traitement serait comme dire "j'en prendrais un autre modèle, svp, je n'arrive pas à lire le mode d'emploi de celui-ci" !!

Oserais-je?

Et puis, je réfléchis encore...
Et si ce médicament ramenait la lueur brillante dans tes yeux?
Si ce traitement  amenait des invitations pour des fêtes d'amies dans ton sac d'école?
Si cette aide extérieure me permettait d'entendre ton rire contagieux plus souvent, de voir tes dents sécher de trop sourire, d'être témoin de grandes et de petites victoires sans voir perler la sueur de tes efforts dans ton regard qui parfois, s'effrite....?

Si ce médicament te rendait moins autiste, que me ferais-tu découvrir, sous cette épaisse carapace?

Qui es-tu?

Et si ce traitement était la porte ouverte pour entrer en contact avec toi, avec la vraie toi, avec le vert du fond de tes yeux?

Et si ce médicament te rendait heureuse? Qui serais-je pour te le refuser?

La pilule du bonheur n'existe pas.
Pour l'instant, ce traitement n'est pas disponible.

Si un jour, il l'est, je ne dirai pas non. Je ne dirai pas oui.
Je tenterai, comme depuis toujours, de trouver une réponse au fond de ton regard. Au fond de ton coeur.

Je t'aime comme tu es. De tout mon coeur. J'espère qu'un jour ton regard recroisera le mien pour que tu comprennes à quel point j'aimerais avoir une place dans ta bulle, pour mieux t'aider, pour mieux t'aimer.


Sept lettres dans une valise.

Sept lettres.


Encore une fois, notre vie bascule.
Ce n'était pas suffisant de se sentir submergés par le plus pur et le plus grand amour au monde, il y a de cela 8 ans et 3 mois.
Ce n'était pas suffisant de plonger nos yeux dans le regard le plus brillant et profond qu'il nous ait été donné de voir.
Ce n'était pas suffisant de ne plus jamais prendre pour acquis notre présence sur cette Terre, notre rôle dans la société et l'impact que nous aurions sur nos prochains.

Notre vie bascule.
Sept lettres.

Malgré tout...

Tu es toujours celle qui a le regard turquoise des mers chaudes de si beaux pays.
Tu es toujours celle qui a le rire explosif et contagieux des gens profondément heureux.
Tu es toujours celle qui a les cheveux bouclés d'un petit ange.
Tu es toujours celle que j'aime le plus au monde. Tu es toujours celle-là.

Tu ne comprends pas très bien les émotions des gens.
Tu ne décodes pas le sarcasme, tu ne saisis pas le sens de la blague.
Tu trouves chinois tous ces double-sens, tout ce non-dit que les autres semblent deviner si facilement.
Tu ne sais pas lire le non-verbal des gens que tu côtoies.
Tu ne sais pas comment te faire apprécier des autres enfants, toi qui pourtant a tant à apporter.
Tu as envie d'aimer les mêmes jeux que tes pairs, mais tu préfères tout de même souvent la solitude de ta chambre, la lecture, la vie avec ton frère qui ne te juge pas, les jeux de rôles faits à ta façon et toujours pareils.
Tu voudrais grandir et faire ce que les grandes de ton âge font souvent, mais tu trouves souvent plus de réconfort dans le fait d'aligner tes petites voitures sur le même tapis.
Tu ris parfois lorsque ce n'est pas drôle.
Tu te sens parfois si en colère, sans savoir pourquoi, sans comprendre comment tu t'es rendue là.
Tu n'aimes pas la nouveauté, tu n'aimes pas les surprises, tu n'aimes pas les éclats sauf si c'est toi qui les a provoqués à ta façon unique.
Tu préfères rester à la maison, avec tes jeux connus et sécurisants, que de t'ouvrir sur d'autres intérêts à travers des sorties, des activités.
Tu n'aimes pas la spontanéité, tu préfères la routine.
Tu trouves difficile d'avoir des responsabilités, c'est déjà tellement de travail pour toi que de t'occuper de toi-même.
Tu fais des crises pour ce que nous, les adultes, considérons comme des pécadilles, mais qui pour toi, prennent toute la place.
Tu ne peux pas dormir si ta porte n'est pas bien placée ou si un livre semble en équilibre sur ton bureau.
Tu as brisé maintes et maintes choses, malgré ton âge avancé, parce que tu aimes jouer avec les boutons, les roulettes et les interrupteurs sans pouvoir te contrôler.
Tu as besoin d'aide au quotidien, encore, et tu le sais.

Tu as 8 ans et pourtant, tu n'es pas une petite fille de 8 ans comme les autres.
Tu es la même qu'hier, la même petite perfection que j'ai mis au monde il y a un peu plus de 8 ans. Celle à qui j'ai promis la lune et toutes les étoiles qui brillent, celle à qui j'ai fait la promesse de rendre sa vie belle et enrichissante.
Tu es la même petite perle, tu as la même naïveté dans ton regard, même si celui-ci se teinte doucement avec les épreuves et les murs qui se dressent devant toi.
Toi toute seule n'arrive pas à les bouger, ni même à les contourner.

Je suis encore là.
J'ai ajouté ces sept petites lettres dans notre valise de vie. Elle est lourde. On nous oblige pourtant à la porter 24h sur 24, avec toi. Pour l'instant, tu n'as pas la force de la promener seule. Elle est si pesante. Moi-même, je voudrais bien qu'on m'offre des roulettes pour m'aider, un bras fort pour la traîner avec moi quand je me sens faiblir.

C'est peut-être juste une valise de mots, mais elle est lourde de sens, lourde de vécu, lourde de conséquences.

Cette valise, c'est notre clé pour te comprendre un peu mieux. Avec les mots et les lettres, on la remplit aussi d'outils pour qu'ils t'accompagnent et te facilitent la vie.
J'y mets aussi des mots d'amour, des bisous et des câlins.

Je t'aime ma doudoune. À mes yeux, tu es parfaite. Même quand ils sont remplis de larmes et de douleurs.

Est-ce que quelqu'un pourrait prendre la clé du compartiment à lettres et la jeter très loin?
Je ne veux plus remplir ce compartiment. Il est assez lourd. Je garderai grand ouvert celui des outils et celui de l'amour. Mais l'autre, il a atteint le maximum. Je zippe la fermeture éclair. J'installe le cadenas. Je donne la clé.

Je viens d'y insérer le mot : "autisme".

À propos...

Le quotidien d'une superbe fillette différente. Dyspraxie, syndrôme frontal, trouble déficitaire de l'attention avec impulsivité et trouble anxieux.
Pour vous prouver que la perfection n'est pas là où on la croit!

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