Apprendre à lire-trucs de maman T.E.S.

Je me souviens, dans une vie lointaine, lorsque je travaillais comme éducatrice spécialisée en classe de première année, d'un des petits garçons que j'accompagnais.

S. errait dans le système scolaire sans diagnostic. Il était en première année et toute sa maternelle avait été une catastrophe. C'est pourquoi j'étais là, en première.

Je me rappelle qu'une de ses plus grandes difficultés avait été de comprendre les syllabes.
De longues heures, lui et moi, à s'acharner sur "un m avec un a, ça fait ma". Rien à faire. Des jeux, des singeries, des répétitions, des indices, des dessins.. rien!

Est venu, la semaine passée, ce temps avec ma propre fille.
Rien à faire.. même si je faisais une pause d'un millionième de seconde entre le mmmmm et le aaaa, elle n'arrivait pas à les mettre ensemble.

Je me suis fait la réflexion qu'un parent qui n'a pas été outillé professionnellement part vraiment à zéro, lorsqu'il doit accompagner l'apprentissage scolaire de son enfant différent. Je me sens parfois démunie et pourtant, je suis T.E.S. de métier ET j'ai tout le bagage des ergo-ortho et cie derrière moi.

Voici donc quelques trucs, ajoutez-en, si vous en avez, pour faciliter l'apprentissage des syllabes.

-Ne pas nommer les lettres, ne nommer que le son de la lettre...
Pour lire ta, il faut faire ttttt aaaaa, parce que si on dit t, ça sonne "té" et devient mêlant pour la syllabe.

-Utiliser le livre "Raconte-moi les sons". Utilisé dans plusieurs écoles, c'est un MERVEILLEUX outil pour apprendre le son de chaque lettre et s'en rappeler. On peut y mettre un geste symbolique aussi, qui facilitera la reconnaissance sans dire un mot.

-Faire un train. Le wagon de la consonne veut aller rejoindre le wagon de la voyelle. Lorsque le wagon-consonne se met en route, on fait le son (mmmmmmm par exemple) sans arrêter et DÈS qu'il touche la consonne-voyelle, on dit la voyelle.

-S'assurer que l'enfant reconnaît bien les lettres, par coeur. Commencer par celles qu'il maîtrise très bien, pour ne pas qu'il ait en plus à se demander quel son fait telle lettre. Ce qui a été gagnant ici: le m avec le i.

-Lorsque l'enfant commence à comprendre l'idée de la syllabe, jouer avec les étiquettes de lettres. Faire un dé avec des consonnes et un dé avec des voyelles. Rouler les 2 dés et nommer la consonne formée.

-Trouver toutes les occasions possibles de voir des syllabes simples:
Sur la boîte de céréales en déjeûnant, un catalogue, en écrire un peu partout et les coller dans la maison et faire la chasse aux syllabes. Faire un jeu de marelle sur l'asphalte et y inscrire des syllabes plutôt que des chiffres. Se fabriquer un jeu de mémoire de syllabes.

*Apprendre ne devrait pas se faire que devant un pupitre, il faut généraliser l'apprentissage pour que l'heure des leçons s'étire, sans avoir à se battre avec un enfant fatigué de "travailler".

Bonne lecture!!

La dyspraxie, en première année

La rentrée de ma doudoune s'est faite, sans trop de heurts.

Les premiers jours ont été difficiles, au niveau de l'anxiété. Des pleurs le matin, des pleurs le soir, le premier matin a été couronné d'une crise de panique intense dans l'autobus.
Malgré tout, ma doudoune, elle finit par s'adapter.

J'ai rencontré son enseignante qui m'a semblée très gentille.

Évidemment, la première année vient avec son lot de nouveaux défis.

Premièrement, l'emplacement en classe.
Mélina est revenue de ses premiers jours, contente de me dire qu'elle s'était choisi un pupitre au fond de la classe. Il ne m'en fallait pas plus pour contacter son enseignante. Elle m'a confirmé que ces places étaient temporaires, le temps que tout le monde s'acclimate à la classe. Mélina doit être en avant, que je lui ai expliqué. Ce sera chose faite, m'a-t-elle confirmé. Elle avait même déjà choisi où, pour la positionner stratégiquement pour le tableau, les mouvements de l'accompagnatrice, le bureau du prof, etc.

Les devoirs sont rapidement devenus une part importante de notre routine du soir.
Pour nous "aider", ils se font dès le retour à la maison. On prend 5-10 minutes pour la collation et un peu de jasette et ensuite, on attaque les leçons. Les devoirs sont faits le weekend, lorsqu'on est reposés.
Les deux enfants ont un calendrier, sur lequel je mets UN collant par jour pour les devoirs. Des feuilles pleines=piger dans le sac à surprises. Le collant se mérite pour l'effort et la persévération. Je ne veux pas que la période de devoirs devienne une bataille quotidienne. Pour l'instant, même si Mélina se fatigue rapidement, les deux enfants collaborent bien. Raphaël se trouve une activité calme (colorier, bricoler, travailler dans ses petits cahiers d'école autonome) et je fais les leçons avec Mélina.

Les syllabes sont déjà un défi pour elle.
Un des aspects de son trouble repose sur l'acquisition des notions. Une journée, ça va bien. Le lendemain, il semblerait que c'est la première fois qu'on voit la matière. Difficile de se réconforter dans la matière acquise après quelques jours, on ne sait jamais ce que le lendemain nous réserve.

Je me revois souvent, comme éducatrice spécialisée en milieu scolaire, à tenter de faire comprendre les notions de base à un petit bonhomme de 6 ans. Il a fini sa première année en tentant encore de comprendre les syllabes. Que m avec a, ça fait ma. J'utilise mes mêmes trucs et d'autres. Je me rappelle la chance (à grand prix) que j'ai de donner ce temps à ma fille qui en a plus que besoin!

Pour l'instant, rien n'est facile pour Mélina. Mais rien n'est insurmontable, encore. Ce que je sais, c'est qu'elle part chaque matin, maintenant, avec le sourire. Elle revient avec des belles choses à raconter et elle est de bonne humeur, en général. C'est positif. Aimer l'école, c'est déjà faire un bout du chemin.

À propos...

Le quotidien d'une superbe fillette différente. Dyspraxie, syndrôme frontal, trouble déficitaire de l'attention avec impulsivité et trouble anxieux.
Pour vous prouver que la perfection n'est pas là où on la croit!

Blog commun sur la dyspraxie

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